Il y a 30 ans jour pour jour et par un geste fou, Rabah Madjer devenait le premier footballeur africain et arabe à remporter la Coupe d’Europe des clubs champions (aujourd’hui Ligue des champions d’Europe). Nous vous invitons à lire l’hommage du site officiel de la FIFA pour Madjer et pour cette marque de fabrique qu’est devenue sa talonnade.
Il y a 30 ans, la talonnade de Madjer
Il y a 30 ans ce dimanche 27 mai, toute la planète football avait les yeux rivés sur le Stade du Prater de Vienne, où le Bayern Munich et le FC Porto s’étaient donné rendez-vous pour le titre de champion d’Europe.
Le géant allemand partait largement favori. Les Bavarois avaient déjà disputé quatre finales, remportant trois victoires, tandis que le club portugais vivait là son grand baptême à ce niveau. En quart de finale, le Bayern avait écrasé Anderlecht, avant de dominer le Real Madrid 4-2 pour atteindre la marche finale. De son côté, Porto avait sorti Brondby puis éliminé difficilement le Dynamo Kiev en demi-finale. L’équipe d’Udo Lattek comptait dans ses rangs quelques uns des meilleurs footballeurs à leur poste – Jean-Marie Pfaff, Andreas Brehme et Lothar Matthäus – quand Artur Jorge, privé de son joueur vedette Fernando Gomes, en était réduit à aligner une équipe de joueurs peu connus hors des frontières portugaises.
Le début du match allait confirmer tous les pronostics puisque le Bayern, dominateur, ouvrait rapidement la marque. Apparemment anodine, une longue touche allemande trouvait Ludwig Kogl, qui battait Jozef Młynarczyk d’une tête plongeante acrobatique.
Impérial devant Dieter Hoeness et Michael Rummenigge, le portier polonais permettait toutefois à Porto de regagner les vestiaires avec un seul but de retard. Pourtant, les statistiques ne promettaient rien de bon aux Portugais à l’entame de la seconde période. En dix années, une seule finale continentale avait enregistré plus d’un but, un 1-1 entre Liverpool et l’AS Rome, en 1984, avant que les Anglais ne l’emportent aux tirs au but. En outre, les 45 premières minutes avaient clairement donné l’avantage au Bayern.
Une talonnade pour l’histoire
Ignorant les statistiques, Artur Jorge allait oser un double changement à la mi-temps, le milieu Antonio Frasco et l’attaquant Juary prenant la place de l’arrière gauche Augusto Inacio et de l’infatigable Quim. Le pari, peu payant dans les premières minutes, allait pourtant se révéler décisif. À 12 minutes du terme, après un une-deux avec Frasco, Juary éliminait Pfaff et adressait une passe dans le dos de Rabah Madjer. Peu de joueurs auraient eu la géniale idée d’oser la talonnade. L’Algérien, alliant la technique à l’inspiration, allait pourtant réussir l’un des plus célèbres buts de l’histoire de la compétition.
«C’était un geste d’instinct. J’ai juste tenté ma chance», devait avouer par la suite le magicien algérien à FIFA.com. «Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. Peu après la finale, j’ai tenté le geste de nouveau en championnat et j’ai marqué. C’est devenu ma marque de fabrique.»
Quelques minutes plus tard, le même Madjer laissait Helmut Winklhofer sur place et délivrait un centre millimétré pour Juary au second poteau. Le Brésilien inscrivait le but du 2-1 et offrait à Porto le sacre européen.
«C’est le meilleur souvenir de ma carrière», avait commenté Madjer. «La veille de Ia finale, je me demandais comment les choses allaient se passer pour moi. Jozef Mlynarczyk, mon camarade de chambre, n’en menait pas large. Je lui ai dit que nous allions l’emporter 2-1. Par chance, Dieu m’a entendu.»